11 septembre 2007
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Cercasi volontario/a per traduzione
l’Humanité des débats
du 8 septembre 2007.
Sophie Bouniot
« Voila pourquoi je ne partirai pas en cavale ! »
Justice . Vendredi dernier, la cour d’appel de Versailles examinait la demande de remise en liberté de l’ex-membre des Brigades rouges Marina Petrella.
Elle attaque fort et cible juste, convoquant dans le prétoire l’historien Pierre Vidal-Naquet quand il évoquait la « déraison d’État ». « Aujourd’hui, nous y sommes », se désespère l’avocate. Sa cliente, entourée de quatre policiers dans le box des accusés, elle l’a connue en 1993. Marina Petrella débarquait alors dans l’Hexagone, sa fille de dix ans sous le bras. Ensemble, elles sont allées voir les autorités françaises, afin de leur signaler la présence de l’ex-membre des Brigades rouges, venue comme des dizaines d’anciens activistes italiens, trouver refuge en France où le président Mitterrand leur avait promis l’asile contre l’arrêt de toute forme de violence.
Vendredi dernier, l’enjeu n’était pas d’examiner la demande d’extradition - à cette heure basée sur un dossier incomplet et mal traduit - des autorités italiennes visant Marina Petrella, condamnée, à Rome en 1992, à la perpétuité notamment pour homicide, mais de réclamer sa remise en liberté après son arrestation le 21 août dernier (Lire notre édition du 23 août dernier).
Me Terrel remonte le fil du temps. Celui, en Italie, des procédures d’exception à l’encontre des activistes d’extrême gauche, cette période des « condamnations collectives » où « la justice ne fonctionne pas comme une justice normale. » Reconnue coupable, Marina Petrella est remise en liberté à l’issue du délai maximum de détention provisoire : six ans. Elle fait appel, saisit la Cour de cassation. Durant cinq ans, elle vit sous contrôle judiciaire, jusqu’à sa condamnation définitive. En 1993, elle est face « à un choix de vie, la prison d’un côté et l’exil de l’autre ». « À cause, en raison de l’asile que donnait la France, elle est venue ici », souligne Me Terrel. L’avocate rappelle, lecture à l’appui, la parole donnée par François Mitterrand « sans aucune réserve à l’égard des crimes de sang comme on peut l’entendre ». Elle cite la lettre adressée en mars 1998 par Lionel Jospin, alors premier ministre de Jacques Chirac, aux réfugiés italiens promettant que jamais ils ne seront extradés. Une promesse tenue « par tous les gouvernements successifs de droite comme de gauche » jusqu’en 2002, date de l’extradition de Paolo Persichetti. Il y a la politique et il y a le droit.
La demande d’extradition de Marina Petrella date de 1994, relancée en 2002 par une « note verbale ». Sans aucune suite. Une jurisprudence de 1994 a laissé deux personnes en liberté - alors qu’elles relevaient de la même procédure que Marina Petrella - en raison de « l’ancienneté des faits » et du « caractère déraisonnable de la procédure ». Et puis, pointe l’avocate, il y a tout simplement la vie, « on ne peut pas revenir quinze ans en arrière, ce que Marina Petrella a reconstruit ici est fait de chair et de sang » : un mariage, la naissance d’une deuxième fille, un travail d’assistante sociale.
L’avocat général réclame tout de même le maintien en détention : « au regard de la peine lourde, est-ce que la tentation ne sera pas trop forte pour Marina Petrella de partir avec sa famille recomposée ? » Droite et digne dans son box, l’intéressée lui répond : « Pourquoi je ne partirai pas en cavale ? En 1993, j’ai laissé derrière moi un contexte tragique et révolu. Pendant quinze ans j’ai mis mes racines ici (sic). Aujourd’hui, ce n’est pas une époque révolue que je laisserais - derrière moi, mais une famille en vie, une insertion sociale reconnue. » Décision ce - vendredi.
l’Humanité des débats
du 8 septembre 2007.
Sophie Bouniot
« Voila pourquoi je ne partirai pas en cavale ! »
Justice . Vendredi dernier, la cour d’appel de Versailles examinait la demande de remise en liberté de l’ex-membre des Brigades rouges Marina Petrella.
Elle attaque fort et cible juste, convoquant dans le prétoire l’historien Pierre Vidal-Naquet quand il évoquait la « déraison d’État ». « Aujourd’hui, nous y sommes », se désespère l’avocate. Sa cliente, entourée de quatre policiers dans le box des accusés, elle l’a connue en 1993. Marina Petrella débarquait alors dans l’Hexagone, sa fille de dix ans sous le bras. Ensemble, elles sont allées voir les autorités françaises, afin de leur signaler la présence de l’ex-membre des Brigades rouges, venue comme des dizaines d’anciens activistes italiens, trouver refuge en France où le président Mitterrand leur avait promis l’asile contre l’arrêt de toute forme de violence.
Vendredi dernier, l’enjeu n’était pas d’examiner la demande d’extradition - à cette heure basée sur un dossier incomplet et mal traduit - des autorités italiennes visant Marina Petrella, condamnée, à Rome en 1992, à la perpétuité notamment pour homicide, mais de réclamer sa remise en liberté après son arrestation le 21 août dernier (Lire notre édition du 23 août dernier).
Me Terrel remonte le fil du temps. Celui, en Italie, des procédures d’exception à l’encontre des activistes d’extrême gauche, cette période des « condamnations collectives » où « la justice ne fonctionne pas comme une justice normale. » Reconnue coupable, Marina Petrella est remise en liberté à l’issue du délai maximum de détention provisoire : six ans. Elle fait appel, saisit la Cour de cassation. Durant cinq ans, elle vit sous contrôle judiciaire, jusqu’à sa condamnation définitive. En 1993, elle est face « à un choix de vie, la prison d’un côté et l’exil de l’autre ». « À cause, en raison de l’asile que donnait la France, elle est venue ici », souligne Me Terrel. L’avocate rappelle, lecture à l’appui, la parole donnée par François Mitterrand « sans aucune réserve à l’égard des crimes de sang comme on peut l’entendre ». Elle cite la lettre adressée en mars 1998 par Lionel Jospin, alors premier ministre de Jacques Chirac, aux réfugiés italiens promettant que jamais ils ne seront extradés. Une promesse tenue « par tous les gouvernements successifs de droite comme de gauche » jusqu’en 2002, date de l’extradition de Paolo Persichetti. Il y a la politique et il y a le droit.
La demande d’extradition de Marina Petrella date de 1994, relancée en 2002 par une « note verbale ». Sans aucune suite. Une jurisprudence de 1994 a laissé deux personnes en liberté - alors qu’elles relevaient de la même procédure que Marina Petrella - en raison de « l’ancienneté des faits » et du « caractère déraisonnable de la procédure ». Et puis, pointe l’avocate, il y a tout simplement la vie, « on ne peut pas revenir quinze ans en arrière, ce que Marina Petrella a reconstruit ici est fait de chair et de sang » : un mariage, la naissance d’une deuxième fille, un travail d’assistante sociale.
L’avocat général réclame tout de même le maintien en détention : « au regard de la peine lourde, est-ce que la tentation ne sera pas trop forte pour Marina Petrella de partir avec sa famille recomposée ? » Droite et digne dans son box, l’intéressée lui répond : « Pourquoi je ne partirai pas en cavale ? En 1993, j’ai laissé derrière moi un contexte tragique et révolu. Pendant quinze ans j’ai mis mes racines ici (sic). Aujourd’hui, ce n’est pas une époque révolue que je laisserais - derrière moi, mais une famille en vie, une insertion sociale reconnue. » Décision ce - vendredi.